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En chemin pour Likhabang

Samedi 2 mai 2020. Réveil à 5h00 au paradis de l’oiseau qui crie qu’il fait beau !

Man arrive à 6h00 et crie aussi « ça dort encore ici ! ». Surpris, nous le découvrons sac au dos, prêt à partir. Il rit bien quand on lui dit qu’hier il a annulé le périple, il ne se souvient de rien !

Nous nous préparons en quatrième vitesse et nous partons pour trois jours avec les matelas roulés à la va vite, un peu de kaja préparé par Didi Sandra et quelques vêtements de rechange car il pleut souvent en ce moment.

Simtaru

Nous remontons l’arête de Dhami jusqu’à Dang, descendons vers la rivière et la franchissons pour remonter vers Simtaru. A peine partis, nous faisons un premier arrêt chez un couple d’amis de Man.

L’homme semble très jeune mais il est retraité de l’armée. Avec sa femme, ils nous racontent leur vie. Pendant seize ans, ils ont essayé en vain d’avoir un enfant. L’homme a alors épousé une seconde femme, ce qui semble totalement admis ici dans ce cas de figure. Très rapidement, hasard de la vie, les deux femmes tomberont enceintes en même temps et accoucheront à quelques jours d’intervalle ! Finalement, avec sa première femme qui vient de nous offrir un thé délicieux, ce mari comblé aura trois enfants et un seul avec sa deuxième épouse qui vit en bonne entente avec eux.

Première pause à Simtaru

Nous quittons cette famille épanouie et arrivons à Simtaru en longeant l’école où trois Népalais revenus de pays étrangers où ils travaillaient sont en quarantaine. Impossible de ne pas nous arrêter pour le thé chez les beaux-parents de Komala ! Son Babu nous fait un accueil chaleureux comme à chaque fois!

Bargaon

Après une courte pause, nous nous dirigeons vers Bargaon par un sentier assez raide qui serpente entre les habitations. En chemin, nous croisons à plusieurs reprises une équipe de jeunes qui fait des allers-retours avec des charges de fumier qu’ils renversent dans un champ d’un coup de rein libérateur. Les tas sont parfaitement alignés et forment un joli quadrillage. Brigitte trouve que les champs ont la varicelle !

La joyeuse équipe des porteurs de fumiers

A Bargaon, nous nous arrêtons pour le repas dans la jolie maison rose pleine de gaîté de la famille dont le père est en fauteuil roulant, là où nous nous étions déjà arrêtés au retour de Kanda. Nous y sommes toujours aussi chaleureusement accueillis. Une des filles nous prépare des rotis. La mère de famille cueille un chou dans le jardin luxuriant pour faire un tarkari et nous offre une poignée de petits pois non écossés que nous dégustons avec régal.

Lunch à Bargaon

Il est à peine dix heures, un peu tôt pour manger, mais désormais nous n’y prêtons plus attention. La Didi nous invite à manger au frais, assis sur le sol de sa cuisine, et nous sert le traditionnel mohi pour accompagner notre déjeuner.

Kumari et le quiproquo

Le repas terminé, nous continuons la montée vers le haut de Bargaon et poursuivons sur une piste inachevée. En très léger contrebas de cette piste subsiste l’ancien chemin qui, au terminus de cette dernière, reprend tous ses droits. C’est un sentier magnifique qui effectue une traversée ascendante. Parfois, il a été taillé dans les rochers. Laurent et Man montent tranquillement en discutant, Brigitte est tellement heureuse de découvrir un nouvel horizon par un si beau chemin qu’elle file sans demander son reste.

Soudain une jolie jeune femme arrive. Elle est lourdement chargée d’herbe coupée et entassée dans un grand doko. Brigitte tente de lui dire en nepali : «  je suis avec Man et mon mari », mais elle oublie le « et ». Cette faute grammaticale crée un quiproquo. La bahini est surprise d’apprendre que Man Bahadur KC est marié avec une étrangère …

Cela fera bien rire Man et Laurent quand ils la croiseront à leur tour juste après ! Man nous apprendra que cette jolie femme s’appelle Kumari. C’est une de ses grandes amies depuis l’école primaire. Il nous dira être inquiet car elle n’est pas mariée. Brigitte lui répondra qu’elle est peut-être juste intelligente !

Kumari habite Bargaon où elle a un petit shop qui sert de lieu de rassemblement des femmes du quartier. Par la suite, Brigitte lui rendra souvent visite dans sa boutique car, elle aussi, il lui semble l’avoir toujours connue !

Timur

Pour l’instant, nous cheminons vers Likhabang. Soudain, dans le creux d’un vallon, apparaît un très joli hameau nommé Timur. Il n’y a que quatre ou cinq maisons mais aussi une immense école. Pourquoi diable a-t-elle été construite ici, à trente minutes du gros village de Likhabang ? Excepté celui de l’école, les toits de toutes les maisons sont en chaume.

Une école au bout du monde

Nous sommes chaleureusement accueillis par une grande famille qui vit ici. Un vieil homme fabrique des dokos. Il s’interrompt et nous invite à nous asseoir chez lui. Une magnifique femme nous apporte des coussins ronds et épais qu’elle réalise en paille de maïs tressée. Ils sont superbes. C’est la version traditionnelle du sakati.

Voyage dans le temps

Toute la famille accourt pour voir les inattendus visiteurs que nous sommes ! Petits et grands nous entourent. Comme le veut la coutume, ils nous offrent du mohi. Nous discutons un long moment. Aussi curieux que cela puisse paraître, Man l’explorateur n’est jamais venu jusqu’ici alors que nous ne sommes qu’à quelques heures de marche de chez lui.

Ici, rien n’a changé depuis la nuit des temps si ce n’est l’arrivée de l’électricité. Ils vivent en autarcie quasi totale. En dehors des habitants de Likhabang, ils n’ont jamais de visite.

Timur ou le voyage dans le temps

Artisanat et autarcie alimentaire

Sur la moitié d’un tapis en bambou tressé, en plein soleil, sèchent de petits pâtés coniques obtenus en mélangeant de la purée de pommes de terre avec le légume sauvage en forme de tige d’iris issu d’un gros oignon que les enfants récoltaient dans les glissements de terrain à notre arrivée à Garaghat.

Sur l’autre moitié, sèchent des « racines de thé » identiques à celles offertes par notre adorable Didi Magar de Lochabang. Ce n’est guère une surprise puisqu’elle nous a dit venir les chercher dans les montagnes qui surplombent ce hameau.

Racines et légumes sauvages

Man s’intéresse aux tapis en bambou car ils voudraient les mêmes pour sa future maison d’hôtes. Le baje, le grand-père, lui confirme qu’il les fabrique. Man reviendra certainement pour lui en acheter.

Plus loin, il y a aussi un gros tronc d’arbre couché à terre sur lequel poussent des champignons qui, parait-il, valent très cher. Ils ont certainement des vertus médicinales.

Likhabang

Nous quittons à regret cette famille pour poursuivre notre route. Un sentier très raide nous conduit à l’arête. De là, nous surplombons le hameau que nous venons juste de quitter et dont les habitants se sont déjà dispersés. Une brume de chaleur nous empêche de profiter pleinement du panorama qui s’ouvre sur toute la vallée et les montagnes environnantes.

En vue de Likhabang

Le chemin monte doucement en traversée. Nous apercevons enfin les premières maisons de Likhabang, but de cette première étape.

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