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Garder son âme d’enfant

Samedi 23 mai 2020. 5h00 réveil au paradis de l’oiseau qui crie « il fait beau ». Il ne doit pas avoir pris la météo ce matin !

Man est revenu très tard hier soir de son périple. Il reste très discret sur sa visite à la « hidden valley ». A-t-il été bien accueilli ?

Jessica est montée à Horlabot tôt ce matin avec son oncle adoré pour garder les chèvres indociles qui sont à l’affût des bêtises qu’elles pourraient bien faire. Échappant un instant à sa vigilance, les bhakras jettent leur dévolu sur les jeunes feuilles bien tendres du maïs récemment planté par Dhami sur la terrasse au-dessus de notre maison.

Victime collatérale

Jessica grimpe à toute vitesse pour les ramener mais il est déjà trop tard. Dhami a aperçu les chèvres gloutonnes. Malheureusement, notre voisin chamane n’a pas usé de ses pouvoirs surnaturels et n’a donc pas vu Jessica au milieu du talus. Ni une, ni deux, il lance une pierre depuis le haut du champ pour chasser les chèvres. Le projectile épargne les animaux mais atterrit violemment sur le haut du crâne de Jessica qui se met à hurler « dukh cha», « ça fait mal » !

Comme nous étions en train de boire le café avec Man à l’intérieur de la maison, nous n’avons rien vu de la scène. Les cris de Jessica ne nous alertent guère tant elle est coutumière de jouer la comédie. Nous finissons par sortir pour admirer l’actrice quand nous réalisons ce qui vient de se passer.

Dure au mal

Dhami arrive en courant. Man fonce vers Jessica et la ramène vers nous la tête en sang. Jessica ne dit plus rien sauf « tik cha », « ça va ! ». Elle n’a pas versé la moindre larme.

Dhami et Man sont vraiment honteux : Dhami pour avoir jeté la pierre et Man pour avoir laissé les chèvres quelques instants sans surveillance. Nous nettoyons la plaie de Jessica qui dit : « Je n’ai pas crié pour rien ; c’était vrai que j’avais mal ! Maintenant, ça va. ».

Tik cha selon Jessica mais nous constatons tout de même que quelques points de suture sont nécessaires. Man décide de ne rien dire à Dazu pour ne pas se faire disputer. Il espère pouvoir emmener Jessica se faire recoudre cet après-midi à Chinkhet quand son père fera la sieste. Dazu découvrira le pot au rose, sermonnera Man pour ne avoir veillé sur Jessica et le sommera de partir avec elle sur le champ pour la faire soigner !

En quête de churots

Nous montons à Banphikot. Brigitte file vers Kanda pendant que Laurent attend que l’électricité soit rétablie. Tout le long de son chemin elle cherche des cigarettes pour Didi et Dazu mais aujourd’hui elles sont introuvables.

Avec Man Kumari et ses amies

En route vers Simtaru, dans le bas de Bargaon, elle retrouve Man Kumari, l’amie célibataire de Man rencontrée sur le chemin de Likhabang. Elle a une boutique qui est le lieu de rencontre des didis du quartier. Brigitte s’assoit avec toutes ces femmes très accueillantes et discute longuement en anglais avec Man Kumari sous leurs regards intéressés.

Une âme d’enfant

A Simtaru, le beau-père de Komala vient à sa rencontre avec son petit-fils sur le dos car, dès que Babu voit vagabonder cette étrangère, il veut venir vers elle. Brigitte aimante les enfants comme si elle était une de leurs camarades de jeu. Elle adore être parmi eux, discuter avec eux et leur raconter tout un tas d’histoires vraies dont ils raffolent. Brigitte se sent tellement bien parmi les enfants qui sont encore si spontanés, si touchants. Ils lui insufflent énergie, air frais et gaîté.

En vieillissant, chacun garde son âme d’enfant mais elle est plus ou moins enfouie par les épreuves de la vie. Un de nos amis a perdu pied un jour, brusquement. Depuis, il a « guéri ». Maladie ou déconnexion de l’esprit devant une épreuve trop difficile ? Personne ne le saura jamais ! Cependant, pendant cette parenthèse, ce grand gaillard, si fort et implacable, est redevenu un petit enfant très attendrissant, comme si enfin il pouvait ôter sa carapace qui pesait trop lourd. Depuis, il a réintégré le « monde des grands » après avoir demandé plusieurs fois à Brigitte « s’il était gentil étant malade ? ». Elle lui a répondu « adorable ».

Brigitte lui demande (au beau-père, pas à Babu !) s’il sait où elle peut trouver des cigarettes pour Didi. Il lui dit de venir demain, il va en trouver.

Le parapluie multifonctionnel du Rukum

Bain de minuit

Après être rentré de Banphikot, Laurent est resté se reposer dans le noir à Horlabot pour calmer une violente douleur aux yeux… Sa vulnérabilité au soleil éblouissant est son talon d’Achille.

Le soir, Laurent va un peu mieux et nous descendons dîner à Lochabang. Nous mangeons le dal bhat dehors avec Man, Didi et Jessica tellement il fait chaud. Ce soir, Dazu est à Kibane. Le tonnerre gronde au fond de la vallée. Nous aidons Didi à couvrir la paille avant de remonter à Horlabot. Nous sommes à peine quelques mètres au-dessus de la maison des buffalos quand l’orage éclate. Les vents tempétueux nous empêchent d’avancer. Une pluie diluvienne s’abat sur nous et rapidement nous sommes trempés jusqu’aux os.

Nous arrivons à Horlabot dans le noir absolu de la nuit. Nous n’avons pas de miroir mais imaginer le piètre spectacle de nous deux, vêtements collés sur la peau et cheveux dégoulinant sur le visage nous fait bien rire. Heureusement, il fait chaud sinon nous ferions moins les malins ! Nous nous couchons quasiment dévêtus car nos habits sont maintenant comptés.

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