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Horlabot prend des couleurs

Lundi 27 avril 2020, 8h. Man arrive à Horlabot avec une charge de bouse toute fraîche. Il annonce à Laurent que les travaux de peinture vont pouvoir reprendre.

Zimba appelle pour nous annoncer que le lockdown est prolongé de dix jours et que les vols internationaux sont suspendus jusqu’à mi-mai. Il nous invite à rester chez Man tant que la situation ne s’arrange pas car à Katmandou les conditions de vie sont difficiles. Toute notre famille Sherpa y est assignée à résidence.

Un échafaudage de fortune

Aujourd’hui, nous avons une équipe de peintres : la didi de Kibane assistée par sa fille. Elles vont crépir l’extérieur de notre maison. Elles attaquent par le rez-de-chaussée. La mère demande à Man de leur fabriquer un échafaudage pour pallier l’absence de balcon. Man, en bon alpiniste chevronné, pensait naïvement que les morceaux de bois, vestiges des supports de l’ancienne galerie extérieure de l’étage, leur suffiraient…

Jessica prépare l’ocre

Nous n’avons ni le temps ni les bras disponibles pour refaire un balcon en bambou et les rares planches que nous trouvons ne sont pas assez longues. Man disparaît cinq minutes avant de réapparaître avec une échelle qu’il est allé emprunter à Dhami. Cette solution ne satisfait guère notre peintre qui ne peut pas porter la gamelle d’ocre d’une main, crépir de l’autre, et se tenir à un barreau.

Echafaudage précaire

Man propose de fixer l’échelle sur les anciens supports du balcon et de poser dessus les morceaux de planche. La didi dodeline de la tête en guise de contentement. Malheureusement, la longueur de l’échelle est insuffisante. L’échafaudage de fortune ne couvre que la moitié de la façade. Toujours plein de ressources, Man part avec Laurent vers la maison située en contrebas pour chercher une deuxième échelle. Cette maison qui appartient à un de ses oncles n’est pas habitée. Elle est bâchée car sa toiture a été emportée par une tempête il y a un an.

Man et Laurent réussissent tant bien que mal à reconstituer un semblant de balcon qui satisfait la didi. Pour y accéder, elle doit passer par une des fenêtres de l’étage . Elle fait preuve d’une étonnante souplesse pour se glisser à travers l’ouverture avec sa cuvette d’ocre.

Des peintres très efficaces

Comme les peintres travaillent très rapidement, Man et Laurent doivent vider la deuxième maison afin qu’elles puissent crépir son intérieur dans l’après-midi.

Vers midi, Brigitte rentre de sa balade accompagnée de Jessica. Elles nous apportent des rotis, du tarkari et du mohi. La météo étant très versatile, nous nous réfugions au rez-de-chaussée de la maison qui n’est pas encore en travaux pour prendre notre repas. La mère et sa fille sont aussi efficaces que sympathiques.

Repas des peintres

La pause est de courte durée car la didi de Kibane veut terminer l’intérieur de la seconde maison. Comme nous l’avons déjà remarqué avec Didi Sandra, ces femmes du Rukum qui font preuve d’une force phénoménale en portant sur leur front ont de la peine à soulever une charge modeste à bout de bras. La jeune adolescente a perdu sa timidité et demande à Laurent de transporter pour elle des seaux d’eau afin qu’elle puisse fabriquer le mélange ocre-bouse.

Nous avons épuisé le stock d’ocre. Avec ce temps, personne ne veut aller en chercher à Jhula. Nos peintres ont tout juste de quoi terminer l’intérieur de la deuxième maison. Après, il faudra interrompre le chantier.

Man avait raison : notre maison a pris fière allure avec sa splendide couleur ocre typique des maisons du Rukum. Nous ne comprenons pas l’utilité d’une couche de finition car les maisons sont déjà magnifiques.

Visite éclair de Durga

Brigitte est remontée à Banphikot pour envoyer des réponses aux nombreux messages que nous recevons désormais quotidiennement. Au retour, elle fait un détour par Neta Pokhara et aperçoit au loin un homme qui court en short. Il se rapproche. Plus de doute, il s’agit de Durga. Quelle joie de le retrouver ! Lui aussi semble heureux de la voir, il l’accompagne à Lochabang puis monte à Horlabot. Il ne fait que passer : il est juste venu nous saluer ainsi que son grand ami Man car il court vers Melchaur voir d’autres sathi, c’est-à-dire des amis.

Durga est toujours aussi fou dans sa tête. Est-il fou ? Brigitte en doute, elle adore sa façon de vivre. Il court partout, escalade la butte quasiment verticale qui mène droit chez Dhami et en redescend en bondissant. Man sourit et nous dit en le regardant : « crazy Durga ! ». Finalement, Durga change ses plans et les deux compères filent ensemble à Tarchibang pour une longue soirée chez la didi Magar qui produit le meilleur raksi des environs.

Inauguration de la cuisine

Nous nous retrouvons seuls à Horlabot pour la grande inauguration de la cuisine. Nous avons pris soin de poser une bâche sur le sol fraîchement repeint. Le chantier est terminé. Il n’est plus question de rentrer avec nos chaussures dans la cuisine.

Il reste maintenant à attendre le séchage et nous pourrons installer notre tente dans la maison pour nous protéger non seulement de la mousson qui ne va pas tarder à arriver mais aussi des scorpions, araignées géantes et surtout des moustiques harceleurs qui ne nous laissent pas cinq minutes de répit et dont les piqûres provoquent d’importantes infections.

Ce soir, Laurent applique une technique que lui a appris Man. Afin de ne pas noircir les bouilloires et autres casseroles, il faut les badigeonner de cendres humectées avant de les poser sur le feu. Une nouvelle leçon d’adaptation.

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