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La découpe du femar

Mardi 10 mars 2020. A Thamel, le cours de la roupie explose. L’épidémie commence à affoler les marchés financiers. La Lombardie est en quarantaine.

Nous avons rendez-vous avec Ang Dati vers treize heures pour découper le femar, le fameux gâteau de tsampa. Nous retrouvons Sonam, notre guide du Langtang, Bhim, Pema et tant d’autres dans ce qui pourrait s’apparenter à un atelier clandestin si ce que nous mettions en sachet n’était pas de la tsampa mais une autre poudre blanche… Nous nous installons auprès du discret Kami, le beau-frère d’Ang Dati chez qui nous avons eu la chance de séjourner à Khumjung en 2018. Chacun s’affaire dans le salon où une grande bâche recouvre l’épais tapis de laine. Les cooks découpent le premier gâteau et les autres enfournent les portions dans les sachets. Vient le tour du deuxième gâteau. Il faut en ajouter un morceau dans chaque sachet. Par miracle ou par habitude, le compte est bon. Nous empilons les sachets dans les cartons en les comptant. Nous obtenons 475 portions qui seront distribuées demain lors de la grande réception données par les parents de Sonam. Il est temps de partager l’excellente thukpa cuisinée encore une fois par Kumar et « Jibi ».

Mission accomplie, nous suivons un mariage hindouiste à travers les ruelles de Chabahil. Les saaris rouges et dorés ont remplacé les chhubas de nos sherpanis mais le tumulte est identique à celui que nous avons vécu. Le cortège nous entraîne en direction de Pashupatinath.

Les ghats de Pashupatinath

Ce site sacré, haut lieu de pèlerinage pour les hindous, est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. Pour s’y rendre, il faut oser traverser Ring Road, une des plus larges artères qui ceinture la ville de Katmandou, que les travaux et les pluies diluviennes ont rendu très boueuse. Pour franchir cette large artère, aucune autre possibilité que de se lancer au milieu d’un flot ininterrompu de camions, de voitures, de bus, de motos entremêlés dont les conducteurs n’ont aucune envie de laisser le moindre interstice aux piétons et foncent sur eux en klaxonnant. Les véhicules finissent toujours par esquiver les téméraires qui tentent l’aventure… Enfin, c’est ce que nous nous disons en profitant de l’abri providentiel et illusoire d’un groupe de femmes magnifiques dans leur sari immaculé.

Nous arrivons au hasard de nos errances sur une colline qui domine Pashupatinath. Il fait encore chaud en cette fin d’après-midi. Des jeunes s’amusent autour de nous sur des pelouses pelées. Nous approchons des grillages qui bloquent l’accès au site pour observer les crémations qui se succèdent sur les berges de la rivière Bagmati. Les bûchers allumés sur les ghats réduisent les corps en cendres qui sont jetées dans les eaux sacrées de cet affluent du Gange. Pèlerins, touristes impudiques et familles des défunts se mêlent dans le site religieux pour créer une foule bigarrée, fervente et joyeuse. Une atmosphère vraiment peu ordinaire.

Les ghats de Pashupatinath

Un garde qui nous observait depuis notre arrivée s’approche. Que veut-il donc ? Dans un parfait anglais, il nous explique sans détour qu’il peut nous faire entrer pour cinq cents roupies, le quart du tarif officiel. Nous refusons poliment…

La stupa de Bodnath

Bodnath est à quelques minutes de marche. Nous apprécions le havre de paix de cette stupa géante imprégnée de la ferveur des Bouddhistes de l’école tibétaine.

Bodnath

Sans attendre, nous allons faire les trois tours rituels de la stupa dans le sens des aiguilles d’une montre. Instinctivement, personne ne fait tourner les moulins de prière. Signe que le coronavirus commence à prendre le pas sur les traditions des plus fervents. Après un thé masala réglementaire sur un rooftop, nous nous perdons dans les galeries adjacentes. Loin des boutiques pour touristes, souvent dans les étages, on peut dénicher de belles surprises telles ce magasin qui vend des livres de prière bouddhistes, de véritables œuvres d’art, des feuillets manuscrits de mantras avec leur couverture en bois peinte à la main.

Livres de prières

La nuit tombe sur la grande Stupa. Nous reprenons le chemin de Chabahil en nous remémorant l’extraordinaire aventure que nous avons vécu ici.

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