Mercredi 15 avril 2020. Réveil 5h00. Toujours le paradis et les cris de l’oiseau redevenu invisible !
Ce matin, la radio a annoncé douze jours supplémentaires de lockdown. En France, le confinement est également prolongé jusqu’au 11 mai.
Brigitte effectue sa longue balade rituelle alors que Dorje et Modan descendent à Lochabang pour terminer la récolte.
La menace se rapproche
Au retour de Brigitte à Horlabot, l’ambiance est lourde car un cas de coronavirus aurait été détecté à Magma! Pas de chance, nous y étions la veille et avons côtoyé pas mal de monde. Le soi-disant cas serait un villageois récemment rentré d’Inde qui aurait fêté la fin de sa quarantaine bruyamment ce qui a déplu à ses voisins qui l’ont dénoncé. Cette incartade au lockdown lui a valu d’être testé. Le résultat est tombé : le test est positif ! Il a été immédiatement conduit à Musikot pour des examens complémentaires. Tout le monde attend le verdict avec une certaine inquiétude. Notre liberté est menacée.
Brigitte dit à Laurent que si elle a le coronavirus elle veut rester isolée ici dans la tente sans contact avec personne. Il n’est pas question pour elle d’aller loin à l’hôpital. Elle veut, quoi qu’il arrive, rester au paradis de l’oiseau qui crie . De toutes les façons aucun traitement n’existe et ici il n’y a pas de respirateur pour tenter de résister si une forme critique de la maladie doit être affrontée. Brigitte est très sereine à l’idée de mourir au paradis.
Pour lui-même, Laurent ne veut pas donner d’instructions, il souhaite simplement ne pas l’attraper !
Poursuite des travaux
Gangaram et Bulldozer sont revenus pour mettre à niveau l’extrémité de la terrasse. Il faut supprimer une marche d’une trentaine de centimètres sur une surface assez conséquentes.
Pendant ce temps, Man s’attaque au problème de l’eau. Il souhaite avoir l’eau courante à proximité de la cuisine de son futur homestay. Avec détermination et un sens aigu de l’horizontalité, il creuse rapidement un canal qui achemine l’eau au niveau de la terrasse N-1.
Il ne lui reste plus qu’à répartir les flux à la sortie du collecteur de la source pour alimenter le canal du robinet de l’étage N-1 et celui de la douche du niveau N-2.
Nous avons maintenant une douche pour bébé selon Brigitte ou plutôt un point d’eau pour remplir plus facilement des bidons. Man envisage d’acheter une pompe pour remonter l’eau.
Les sourciers d’Horlabot
Laurent qui a observé que le sol à l’angle de la terrasse était toujours humide se transforme en sourcier. En dégageant un peu la terre, il réussit à former une petite flaque. Il est convaincu d’avoir déniché une source. Man est dubitatif mais l’enthousiasme de Laurent et l’énergie de Bulldozer l’emportent. Ce dernier attaque le rocher à la barre à mine. L’eau suinte maintenant d’un peu partout. Ils creusent une petite cuvette à la base du rocher. Elle se remplit rapidement d’une eau limpide. Nous sommes tous heureux comme des gosses.
Man désormais convaincu du potentiel de cette source va chercher un morceau de Plymouth pour le glisser sous le chemin et canaliser l’eau juste en contrebas où il sera facile de la récupérer. La cuvette se remplit et l’eau commence à pénétrer dans l’orifice du tuyau qui affleure à la surface. Un goutte à goutte se forme à l’autre extrémité. Il se transforme vite en un filet régulier. Nous remplissons une bouteille d’un litre en moins d’une minute. Ceci est loin d’être ridicule : nous pouvons récupérer un mètre cube par jour.
En une journée, et sans pompe, nous avons « remonté » l’eau de deux étages. Grimper l’étroite sente très raide et glissante qui mène à la source du bas en tenant à bout de bras un bidon de vingt litres n’est pas aisé. Ce sera autant d’efforts économisés pour aller chercher le précieux liquide. Nous venons peut-être de résoudre un des problèmes cruciaux du projet de homestay de Man !
Le paradis des naturalistes
Nous sommes au paradis des grands espaces dans la nature envahie par les cris et chants d’oiseaux. Les insectes « turbines » entrent en action régulièrement, démarrant au ralenti pour terminer brutalement après avoir atteint une intensité formidable.
A chaque fois qu’ils se mettent en route, nous pensons à notre amie Françoise qui lorsque nous randonnons dans le haut de la vallée du Sappey guette le moindre petit son d’insecte ou d’oiseau pour entretenir l’espoir que certains ont pu survivre au massacre de l’environnement dans les Aravis.