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Les crêpes au feu de bois

Jeudi 30 avril 2020. Réveil 5h00 aux cris de l’oiseau du paradis de notre maison ocrée de neuf.

Man arrive tôt avec Jessica. Nous leur préparons le thé et goûtons la confiture. Jessica préfère la confiture industrielle que nous avions achetée à Katmandou pour le trek !

Encore une grande balade pour Brigitte. Elle passe à Chinkhet et remonte finalement à Banphikot où elle récupère les messages des amis très matinaux car le décalage horaire nous donne 3h45 d’avance sur eux.

Une vallée pleine de vie

Elle poursuit vers Neta Pokhara, Kanda et Bargaon, un joli village étagé sur la colline qui domine Simtaru et Cheraket. Avant Kibane au niveau de la fabrique de tapis toujours fermée, elle descend sur les rives de la rivière. Cet endroit est très vivant car les enfants et adultes y cultivent, font la farine aux moulins, pêchent ou improvisent un match de volleyball.

A cette période, il est aisé de vagabonder d’une rive à l’autre car la rivière est très facile à traverser.

Comment imaginer que lors de la mousson ce fond de vallée paradisiaque avec ses terrasses-rizières et ses magnifiques petits moulins en ocre deviendra une vaste étendue d’eau aux flots furieux et boueux dévastant ponts et rizières sur son passage et tuant tout enfant osant s’y hasarder.

Pour le moment tout est très paisible, Brigitte remonte sur la piste au niveau du petit « mil » à maïs de Gangaram. Pendant le lockdown, la piste est uniquement fréquentée par des gens à pieds lourdement chargés de fourrage, de sacs de blé ou de farine, de matériaux de construction achetés à Chinkhet Bazar, par une ambulance qui transporte qui ou quoi nous n’en savons rien, par deux tracteurs archaïques souvent chargés à bloc de grosses pierres ou de sable tirés à la main de la rivière et par quelques motos clandestines transportant des familles entières ou simplement un conducteur casqué difficilement identifiable quand il vous salue ou propose de vous emmener sur son porte bagage.

Les ravines de Kibane

Sur la piste, Brigitte franchit la première ravine dite « de la source » car de l’eau y surgit de la colline, canalisée par un morceau de bambou et rituellement les gens à pied ou en moto s’y arrêtent pour se désaltérer, surtout en période de mousson, de juin à septembre, pendant laquelle la chaleur est accablante entre deux épisodes de pluie.

Ensuite se présente une deuxième ravine que Brigitte surnomme la « ravine noire » car du haut descendent des détritus de pierres noires schisteuses provenant de l’énorme glissement de terrain qui a eu lieu il y a quelques années à gauche de la ridge de Dhami juste au-dessus de sa maison tuant deux des fils de Gangaram qui jouaient auprès du ruisseau.

Pendant la mousson, la piste sera ravagée au niveau de cette ravine et les hommes de Kibane et Lochabang viendront tous la remettre en état en refaisant, au péril de leur vie, une zone plate supportée par des gabions (cages en grillage remplies de pierres) au-dessus du vide conduisant directement à la rivière. Arka Pun sera acteur et organisateur de ces travaux pour la municipalité de Banphikot. Il nous demandera des photos des travaux.

Des crêpes à l’eau

Au retour à Lochabang, Didi Sandra Khola confie à Brigitte les repas pour les travailleurs et travailleuses de Horlabot qui terminent la réfection des deux maisons en ocre. Man a fini de repeindre les pignons des deux maisons et Laurent a poursuivi le décaissement de la future cuisine.

Brigitte qui a réussi à acheter des œufs à Cherakhet fait une tentative de fabrication de crêpes à l’eau car nous avons de la « baking powder », de la poudre à lever.

Gérer le feu de bois et la cuisson des crêpes n’est pas simple mais Brigitte s’en sort plutôt bien. Le résultat est concluant. La didi peintre, Jessica, Man et Laurent se régalent des crêpes à la confiture de « tutu ». Curieusement, cette fois Jessica adore la confiture !

Des crêpes sans œuf

Face à ce succès, Brigitte décide d’en refaire demain pour les parents de Man, pour « sa » Didi Magar qu’elle tient à remercier pour le don des racines et pour « sa » Didi Dila, l’institutrice qui lui offre chaque jour le plaisir de discuter avec elle et souvent une bonne petite chose comme ces quatre succulentes petites bananes. Pour Dazu à qui la religion interdit de manger des œufs, il faudra innover : la crêpe sans lait et sans œuf !

Dialogue impossible

Après le repas de midi, nous descendons à Lochabang, prenons la piste jusqu’au dernier virage avant Chinkhet Bazar, plongeons vers la rivière que nous traversons en sautant de pierre en pierres, remontons un gros glissement de terrain pour aboutir sur la crête de Jhula au niveau des premières maisons.

La colline de Lochabang sous la pluie

Nous remontons les carrières d’ocre. Deux jeunes qui portent des dokos de fumier nous suivent et ne cessent de nous harceler de questions que nous ne comprenons pas. Nous leur expliquons que nous allons à Lochabang mais ils ne peuvent se faire à l’idée que nous ne prenions pas le chemin le plus court pour nous y rendre.

Pour échapper à leurs questions, nous quittons la ridge pour nous diriger vers Parabang, le village situé entre Sandanbura et le col de Jhula. De Parabang, nous gagnons Sandanbura où Bina veut que nous restions manger le dal bhat mais nous déclinons à regret la gentille invitation car nous n’avons pas pris nos lampes et rentrer de nuit en traversant la rivière pour remonter sur Kibane sera difficile. Bien vite, nos regrets s’estompent car il se met en plus à pleuvoir.

Dal bhat peu conventionnel

A Lochabang, nous passons voir Didi Sandra qui nous propose également de partager leur repas mais nous sommes trop trempés pour rester. Nous remontons donc à Horlabot où nous allumons le feu de bois qui a du mal à prendre avec ce temps. Bien que la cuisine soit totalement enfumée, nous préparons le dîner.

Nous sommes maintenant bien rodés pour mettre les quantités exactes assurant que rien ne sera gaspillé : une tasse de riz et deux tasses d’eau donnent une galette suffisante pour le repas du soir et du matin, trois-quart de tasse de lentilles pour une tasse d’eau permettent d’obtenir une sorte de purée succulente. Notre « dal » n’est pas absolument conventionnel mais cependant très bon.

Nous ne jetterons jamais un grain de riz ou une lentille par respect pour le travail qui a été fourni pour les récolter ! Ce soir nous nous régalons également d’un demi chou donné par Didi qui partage tout. Nous le mangeons cru au sel.

La chasse aux intrus

Nous chassons les fourmis géantes qui escaladent le mur de notre chambre avec un vieux « cousso », une petite balayette faite en herbe par Dhami. Avec le mauvais temps, tous les insectes veulent se mettre à l’abri. Laurent tue une araignée géante qui tente de rentrer dans notre tente. Nous découvrons même un petit scorpion dissimulé derrière un volet. Désormais, nous serons sur nos gardes avant de toucher quoi que ce soit !

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