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Mission impossible

Lundi 30 mars 2020. Brigitte prend de l’assurance, armée de quelques phrases de népalais, elle pousse plus loin sa balade matinale. Man nous a appris comment expliquer que nous sommes au Népal depuis plus d’un mois, que nous sommes arrivés à Lochabang par les montagnes en douze jours et que nous n’avons donc pas le coronavirus. Néanmoins, le meilleur sésame est encore de dire que nous habitons chez Man Bahadur KC.

Deux jeunes hommes l’interpellent. Brigitte met en pratique ses nouvelles phrases. Ca fonctionne plutôt bien. Les deux hommes deviennent très bienveillants à son égard.

Man nous apprend que de nombreux touristes bloqués à Katmandou refusent d’être rapatriés. Namgyal veut faire rentrer l’équipe. Ils pourraient selon lui obtenir une lettre du district pour être autorisés à voyager. Encore faudrait-il trouver un véhicule avec un chauffeur prêt à s’aventurer au-delà des limites du district. Quand on sait qu’il faut traverser une dizaine de districts pour rejoindre Katmandou, ce voyage ressemble à une mission impossible.

Pour s’extraire des discussions interminables avec l’équipe, Man prend le prétexte de partir en quête d’un véhicule et s’esquive.

Vallée depuis les hauteurs de Horlabot

Man apprenti fromager

Dans l’après-midi, nous descendons à Lochabang et surprenons Dazu en pleine récolte du blé. Il nous invite à aller boire du lait. Nous retrouvons Didi Sandra avec beaucoup de plaisir. Elle est en pleine discussion avec Man. Ce dernier a décidé de faire du sérac avec le petit lait. Mais d’où lui vient donc cette idée ? Il nous demande la recette. Didi utilise tout le petit lait disponible et nous obtenons un excellent sérac. Seule ombre au tableau, nous sommes les seuls à aimer cela ! Didi fait une grimace en goûtant notre fromage.

Les gens raffolent du petit lait. Autrefois, il était uniquement destiné au bétail. Aujourd’hui, il est offert gratuitement à qui en demande.

Didi allume le feu et prépare des rotis qu’elle nous sert avec des pommes de terre broyées et du yogourt. Tout est cuisiné en petites quantités mais tout est partagé avec les personnes qui sont présentes. C’est formidable. Ensuite, Didi nous offre un thé toujours brûlant et très sucré.

Nous sommes reçus comme des rois !

Man en position délicate

Nous remontons dîner avec l’équipe alors que nous sommes déjà repus. Bhim serait vexé si nous refusions son repas. Nos trois compagnons de l’équipe du Rukum sont de retour. Man leur a dit que nous acceptions l’accord dont ils ont eux-mêmes fixé les termes. Ils vont donc percevoir un salaire calculé sur un nombre de jours plus important que ceux effectivement travaillés. Ils sont satisfaits. Nous resterons toujours amis avec eux y compris après notre retour en France. Si seulement tout pouvait être aussi simple avec nos compagnons de Katmandou !

Au Népal, les attributions du métier de guide dépassent largement le cadre de l’accompagnement et de la sécurité du groupe. Le guide doit démêler des situations complexes où il se retrouve souvent seul, coincé entre les contraintes imposées par le responsable de l’agence qui l’emploie, les exigences de ses clients et les revendications de l’équipe sur laquelle il n’a pas vraiment d’autorité.

Le lockdown décrété par le gouvernement népalais a créé une situation complètement inédite que personne ne maîtrise. Cela rend la position de Man encore plus délicate. En réglant les problèmes les uns après les autres, Man nous semble adopter une bonne stratégie. Nous lui faisons pleinement confiance.

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