Accueil > Népal > Confinés mais libres > Premier contact

Premier contact

Dimanche 19 avril 2020. Réveil 5h00 au paradis sans coronavirus, l’oiseau crie sa joie !

Pour Brigitte, immense balade de la liberté retrouvée grâce au test négatif de Magma!

Jessica parvient enfin à arracher sa dent de lait. Elle n’est pas du genre à geindre. Ici il n’y a pas de petite souris : on arrache la dent, on la jette et on n’en parle plus !

Nous montons à Banphikot. Le responsable internet est un jeune de 25 ans très fier de ne pas être marié. Il s’intéresse à tout et fait preuve d’une culture générale très étendue. Ici, tout le monde l’appelle « IT Sir ». Sa maîtrise de la technologie numérique lui vaut le respect de tous.

La municipalité rurale de Banphikot nous ouvre ses portes

« IT Sir »

Nous aurons de nombreuses discussions avec « IT Sir » sur le fonctionnement du monde mais uniquement lorsque l’électricité ou la connexion internet ne fonctionneront pas… Heureusement, ce sera assez souvent le cas ! Il parle parfaitement anglais mais tellement vite qu’il en avale quelques mots au passage. Une longue conversation avec lui est toujours passionnante mais nécessite de notre part une intense concentration.

Dès qu’une femme est dans les parages, il l’incite à ne pas faire trop d’enfants et surtout à ne pas les faire jeune. Pour lui, c’est la clé de l’émancipation de la femme et le secret du bon fonctionnement de la société. Son discours n’est pas sans rappeler à Brigitte celui de son père féministe.

A peine connecté au réseau, notre téléphone n’arrête pas de vibrer et d’afficher des notifications. Nous sommes assaillis par une salve d’un mois et demi de messages. Notre famille proche a été contactée et informée par Renée mais tous nos amis s’inquiètent de ne pas avoir de nouvelles.

Que devenons-nous ? Où sommes-nous ? Nous tentons de répondre au plus vite à tout le monde par crainte que la connexion ne soit coupée. Les réponses tombent dans un ballet ininterrompu de notifications. Tout le monde va bien. Nous sommes rassurés.

Le temple de Banphikot au milieu des bureaux

« L’abus de téléphone est dangereux pour la santé. »

Longtemps nous avons refusé de nous plier à cette mode du téléphone portable, à cette injonction de notre société à consommer les innovations technologiques sans réfléchir à leur réelle utilité. Cet objet est devenu addictif. Ne pas en posséder est même devenu synonyme d’exclusion.

Dans le Khumbu, plus exactement dans une lodge de Gokyo, nous avons longtemps observé une famille américaine installée à nos côtés. Parents et enfants assis à la même table s’échangeaient des messages instantanés via leur téléphone. Une nouvelle forme de communication intrafamiliale !Avions-nous besoin de bouleverser les liens sociaux en les virtualisant ? A qui profite le fait d’être joignable partout en tout temps ?

D’un autre côté, ici, au Rukum ou au Népal, combien d’enfants n’ont jamais vu « en présentiel », comme il est désormais d’usage d’appeler le monde réel, leur père parti travailler à l’étranger ?

L’innovation, c’est magnifique !

Cependant, aujourd’hui, pour la première fois, nous nous félicitons d’avoir emporté dans nos bagages cet objet de malheur.

Soudain, le téléphone sonne ! Miracle de la technologie, Fabi, notre belle-sœur, nous parle comme si elle était ici. Nous sommes heureux et naïvement émerveillés. Même Laurent qui est allergique au téléphone est ravi. Ce bel objet retrouve son objectif initial : relier des hommes séparés par des milliers de kilomètres.

Au retour, nous passons prendre le thé chez Didi et Dazu à qui nous racontons notre journée de la façon la plus détaillée possible. Les gestes viennent au secours de notre toujours aussi pauvre nepali. Lorsque Man est là, tout est plus simple mais nous ne faisons aucun progrès.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *