Jeudi 4 juin 2020. Réveil 5h00. L’oiseau donne de la voix : « Bon retour parmi les vivants ! ». Effectivement, pour la première fois depuis de longs jours, Laurent se sent en pleine forme. Nous tirons un trait définitif sur cet épisode de troubles intestinaux.
Après avoir ramassé du bois, il descend à Lochabang pour voir le charmilo de ses propres yeux et surtout pour aider Didi.
Pendant ce temps, Brigitte monte à Banphikot dans l’espoir de récupérer un message d’Alain contenant une solution miracle pour notre variété d’Oxalis. Hélas, la qualité de la connexion est tellement mauvaise qu’elle n’arrive pas à télécharger les documents que le fils de son mentor lui a transmis. Les quelques mots qui les accompagnent en résume malheureusement l’esprit : même Monsanto et son « Roundup » dévastateur ne viennent pas à bout de cette plante invasive !
De la théorie à la pratique
Priver le charmilo de lumière avec une bâche ne semble pas l’éradiquer car il reprend de la vigueur une fois découvert. Brûler les plantes serait le seul remède efficace. Cette solution semble bien difficile à mettre en œuvre sans un puissant désherbeur thermique, en gros un lance-flamme et sans mettre en péril la récolte de maïs à venir. La théorie est difficilement conciliable avec les pratiques agricoles locales. En effet, pour lutter efficacement contre le végétal invasif il faudrait laisser le champ en jachère et ceci semble impossible au Rukum quand chacun ne dispose que des terres assurant sa propre subsistance.
Seule une solution collective faisant appel à la solidarité paysanne pourrait permettre d’envisager une lutte couronnée de succès. Néanmoins, pour l’instant, le charmilo n’a envahi que la parcelle de Didi et Dazu sans que son rendement n’en soit réellement affecté. Dans ces conditions, il est illusoire d’espérer une prise de conscience de la communauté.
Brigitte monte à Kanda sous la pluie et dans une chaleur étouffante. Cet avant-goût de mousson ne la décourage pas. Elle croise en chemin deux petites filles qui veulent lui donner un parapluie et qu’elle reste chanter et danser avec elles.
Reprendre des forces
Après avoir pioché durant des heures quelques mètres carrés de charmilo et extrait les bulbilles avec autant de précaution que des archéologues découvrant des trésors préhistoriques, Laurent et Didi prennent une pause. Il est l’heure d’aller déjeuner et de retrouver Man qui refuse de prendre part à notre vain combat contre le charmilo.
Pendant que Didi prépare une soupe à partir de légumes qu’elle a conservés en les séchant au soleil, Dazu prépare un chutney de pêche en broyant des fruits encore bien verts avec du piment. Le dal bhat est également accompagné de yaourt. Laurent savoure ce premier vrai repas qu’il prend depuis cinq jours, un véritable festin préparé par Didi pour fêter sa guérison.
Nouvelles de Katmandou
Man reçoit un appel de Zimba. Il est inquiet car les gens ne respectent plus le confinement à Katmandou. Sans argent de côté, la plupart des habitants de la capitale n’ont guère le choix : pour survivre, ils doivent travailler.
Sonam et Kalpana, nos jeunes mariés, viennent de prendre un vol charter de rapatriement pour rentrer chez eux en urgence aux Etats-Unis car des voisins les ont informés que de la fumée sortait de chez eux. En fait, l’obligation de retour était surtout liée à des tracas administratifs. Ils arriveraient trop tard en cas d’incendie mais juste à temps pour que Sonam puisse conserver son titre de séjour.
Laurent confirme à Zimba que de notre côté nous attendrons la reprise des vols réguliers. De toute façon, nous n’avons pas le choix puisque les déplacements intérieurs sont strictement interdits et que les vols de rapatriement vers l’Europe ont pris fin depuis bien longtemps.
A l’échelle du Népal, nous nous attendons à une explosion du nombre de cas de coronavirus. Le total cumulé depuis début mars vient de dépasser les deux milles personnes infectées mais toujours aucun cas au Rukum. A posteriori, ce nombre paraît bien dérisoire. Au pic de sa cinquième vague de Covid, la France vient d’enregistrer ce nombre de cas en 6 minutes…
La présentation de cet épisode m’avait porté à croire que c’était la plante qui était en rémission..