Accueil > Népal > Confinés mais libres > Triste fin

Triste fin

Mercredi 22 avril 2020. Réveil 5h00. Toujours le paradis. On pourrait penser s’habituer aux cris de l’oiseau qui ne se montre jamais mais ce n’est pas le cas.

Des rumeurs circulent au sujet d’un bus qui serait parti de Musikot ce matin pour aller récupérer des gens du Rukum en perdition à Katmandou. Man est violemment pris à partie par l’équipe, accusé d’avoir caché cette information qu’il ignorait !

Le bus de l’espoir

Les raisons du désir de nos quatre compagnons d’aller à Katmandou se mettre en confinement total, sans leur famille qui est dans le Khumbu, sans nourriture, sans travail restent un mystère pour nous. Man n’en peut plus de la pression de l’équipe. Comme nous, il a hâte de les voir partir et d’être libéré de ce fardeau.

Sans se départir de son calme, Man monte avec nous à Banphikot à la pêche aux informations. Nous apprenons qu’un bus de « rescue » partira demain matin de Musikot pour Katmandou afin de rapatrier des gens du Rukum dans leur village. Au retour nous explorons d’autres chemins avec Man. Nous sommes invités dans toutes les maisons que nous rencontrons en route.

Au camp, l’ambiance est pesante. Man dit à l’équipe qu’il n’est pas certain d’obtenir une autorisation pour eux car les autorités veulent plutôt vider Katmandou et ramener les gens dans les villages que l’inverse. Pendant ce temps-là, en Inde, des centaines de milliers de migrants népalais privés de travail assiègent les bus pour rentrer chez eux…

Quitter le Rukum pour le chaos !

Sortir de l’impasse

Nous appelons Namgyal pour le prévenir du retour probable de l’équipe demain. Il leur explique qu’à Katmandou la vie est très difficile et que la nourriture devient rare. Rien n’y fait. Ils veulent partir. Brigitte propose à Bhim et à l’équipe de prendre toute la nourriture disponible ici dont celle donnée par les autorités de Banphikot mais ils refusent car ils préfèrent voyager très légers.

Bhim veut engager des discussions salariales avec nous alors qu’il sait pertinemment que la question n’est pas de notre ressort. Il nous affirme que Namgyal lui a demandé de négocier avec nous alors que nous venons de recevoir un SMS de notre ami nous demandant de surtout ne pas nous mêler de ces histoires de salaire. Zimba est furieux car le lockdown n’est pas de sa responsabilité. Ils n’obtiendront rien de lui en le menaçant de porter plainte. Bien au contraire. Qui a raison ? Cette situation est totalement inédite, nous ne pouvons pas nous immiscer entre Zimba, Namgyal et eux. Il leur faudra trouver un compromis en tête à tête à Katmandou.

Bras de fer

Bhim devient alors très agressif. Il appelle Namgyal pour lui dire qu’ils ne veulent plus partir et qu’il devra les payer jusqu’à ce qu’ils se décident à rentrer. Comprenant maintenant mieux la situation que nous vivons, notre ami lui intime l’ordre de rentrer. La question des salaires sera réglée à Katmandou.

Namgyal raccroche. Bhim vexé sait qu’il vient de perdre son bras de fer. Il a sans doute détruit la relation de confiance qu’il entretenait depuis plusieurs décennies avec Zimba. Il a sans doute fait des promesses à son équipe qu’il se sait maintenant incapable de tenir. Perdre la face vis-à-vis de son équipe pourrait expliquer cet excès soudain d’agressivité.

Il y a tellement de tensions que Man nous demande de venir dormir à Lochabang. Finalement, nous restons ici car nous ne les imaginons pas s’en prendre physiquement à nous. Nous nous isolons dans notre tente pour éviter tout nouveau débat.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *