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Visite officielle

Samedi 18 avril 2020. Réveil 5h00. L’oiseau crie : « Bienvenue au paradis les réfugiés du Rukum ! ».

Grande balade pour Brigitte dans la zone déjà apprivoisée de Banphikot. A Djerma, Karma l’ancien professeur d’anglais de Man l’emmène manger des rotis chez la grande sœur de Didi Sandra qui vit avec son mari entourée de ses petits-enfants. Tous sont assis autour de Brigitte avec des yeux brillants de curiosité.

Le pauvre nepali de Brigitte ne lui permet pas de répondre à toutes leurs questions, ni de leur raconter son pays. Mais au fait n’aurait-elle pas deux pays ? Elle a l’impression d’avoir toujours vécu au Népal. C’est comme avec ses amis très proches. Dès la première rencontre, elle a la sensation de les connaître depuis toujours. Cela lui suggère une vie antérieure ; une hypothèse qui fait rire Laurent.

Brigitte prend des photos pour que Didi Sandra puisse voir sa sœur qu’elle a peu l’occasion de rencontrer malgré la faible distance qui les sépare… Trop de travail !

Visite matinale à Djerma

Rêves de voyage

Un peu plus loin, dans la jungle qui descend à Chinkhet Bazar, Brigitte rencontre Dila, l’institutrice célibataire, la sœur de Karma. Elle n’est plus du tout méfiante. Dès qu’elle voit Brigitte, elle descend du très haut arbre dont elle coupe le feuillage pour les buffalos, s’assoit à ses côtés et lui dit « bosne », « assieds-toi ».

Dila parle bien anglais mais avec une méthode toute particulière : elle répète très précisément chaque phrase prononcée par Brigitte avant de la commenter ou d’y répondre si c’est une question. Elle lui explique qu’elle aimerait beaucoup voyager, qu’elle en a toujours rêvé. Elle lui dit que les buffalos mangent beaucoup et qu’elle est obligée de ramener chaque jour des montagnes de feuillage ou d’herbe. Dorénavant, Brigitte et elle se retrouveront régulièrement pour discuter de la vie et du monde.

Un avant-goût de mousson

A Horlabot, la météo fait des siennes. Une averse aussi soudaine que violente s’abat sur notre camp. Laurent met tout à l’abri à l’intérieur de la tente mais bientôt celle-ci devient une passoire : il y a des fuites ! Trop tard pour sortir nos sacs et nos matelas. Il met des seaux et des gamelles un peu partout. Notre supposée « tente de haute altitude » a perdu sa splendeur et de son arrogance vis-à-vis des éléments…

Heureusement, le soleil revient aussi soudainement qu’il a disparu. Laurent sort donc toutes les affaires sur une bâche pour faire sécher la tente. Nous disposons de deux autres tentes. Le double-toit de la première ne semble guère en meilleur état. Nous nous rabattons donc sur une reproduction « made in China » du célèbre dôme jaune orangé présent sur tous les camps de base de tous les continents. Elle est neuve. Donnons-lui sa chance ! C’est notre dernier espoir de conserver notre habitat de nomade que nous aimons tant.

Des tests défaillants

Man nous apprend que le cas de Magma est en fait un faux positif… Quel soulagement ! Nous n’aurons plus peur de contaminer Didi, Dazu et Jessica. Que penser de ces tests développés si rapidement ? Sont-ils fiables ? Plus tard, nous découvrirons que ces tests RPT (« rapid diagnostic test ») basés sur la détection des anticorps avaient souvent donnés lieu à des « faux négatifs » car effectués trop tôt, à savoir dès la détection des premiers symptômes.

Sous la protection de Dharma

A Horlabot, Man nous annonce de la visite : le chef de la municipalité rurale de Banphikot vient nous voir en personne, accompagné du chef de parti Maoïste qui possède une boutique à Chinkhet. La médiatisation de notre cas attise la curiosité des autorités.

Le chef du parti Maoïste est très jovial. Le chef de la municipalité qui se nomme Dharma fait plus sévère. Dharma est un ancien professeur devenu commandeur Maoïste lors de la guérilla. Nous apprendrons à le connaître : c’est un homme intègre et très sympathique qui se montrera toujours extrêmement bienveillant vis-à-vis de nous.

Nous le remercions vivement pour le riz et les provisions qu’il nous a fait livrer hier. Un geste plus que symbolique qui confirme ses propos : il assure à l’équipe et à nous que nous ne manquerons jamais de nourriture, que nous sommes sous sa protection. Nous n’avons pas à nous soucier de notre visa tant que nous sommes à Banphikot.

Banphikot nous ouvre ses portes

Il nous demande enfin si nous avons besoin de quelque chose. Nous lui expliquons qu’il nous est impossible de contacter notre famille et nos amis depuis des semaines. Sans la moindre hésitation, Dharma nous dit de monter à Banphikot où nous pourrons utiliser la connexion wifi de son administration autant que nous le souhaiterons. Il ajoute qu’il en parlera le soir même à « IT Sir », le responsable informatique de la municipalité rurale afin que ce dernier nous accueille le lendemain car lui-même sera au « Disaster Management Meeting » à Musikot. Il nous y recensera auprès de la cellule qui gère la crise du coronavirus pour le district du West Rukum.

Nous prenons un café en poursuivant notre discussion. Dharma nous apprend qu’il y a cinq groupes de réfugiés dans le district mais que nous sommes les seuls étrangers. Les autres sont des employés d’entreprises de la capitale qui étaient en mission en province quand le lockdown a été décrété.

Notre camp de réfugiés

Avant de nous quitter, Dharma nous demande de prendre quelques photos au milieu de notre camp de réfugiés. Les appareils et les téléphones passent de main en main. Tout le monde veut conserver un souvenir de cette visite inattendue.

Les bureaux administratifs de la municipalité rurale de Banphikot vont devenir un lieu incontournable pour nous.

Des nouvelles bien disparates

Ravis de toutes ces bonnes nouvelles, nous partons faire un tour dans l’après-midi : Djerma, Simtaru, Cherakhet. Des noms qui font désormais partie de notre quotidien. Nous constatons que la barrière et les pierres qui bloquent les routes d’accès à Magma sont toujours en place. Le lockdown renforcé est toujours d’actualité bien que la suspicion de contamination ait été levée.

Nous rentrons par Lochabang. Man nous apprend qu’il y eu un incendie dans la jungle au-dessus de Chinkhet. Il semble maîtrisé.

Nous recevons une salve de messages de Namgyal qui nous apportent les nouvelles du jour. Renée nous donne le bilan de plus en plus dramatique de la pandémie. 19’000 décès en France. 35’000 aux USA. Trump refuse de confiner les Etats-Unis pour ce qu’il considère comme une « grippette » et vient de couper les vivres à l’OMS.

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