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Mainjari

Vendredi 12 juin 2020, 5h00. Réveil au paradis. L’oiseau crie « Laurent a bien dormi ; les araignées sont parties ! ».

Effectivement, Laurent a retrouvé sa joie de vivre mais il fait vraiment trop chaud et accompagner Brigitte en exploration à Dhuli puis Mainjari lui serait surhumain tellement il transpire en goutte à goutte.

Brigitte se met en route très tôt pour profiter de la fraîcheur toute relative et descend à Lochabang. Elle discute longuement avec Didi qui lui demande immanquablement si Laurent va venir et si Man a appelé. Didi apprécie beaucoup la présence de Laurent à ses côtés, tous deux sont tendrement complices mais l’amour délicieusement malicieux de Didi irradie tout son entourage y compris les incorrigibles vagabonds que sont Man et Brigitte.

Cherakhet sous le soleil

Retour à Confluence

Après avoir rassuré Didi sur la venue prochaine de Laurent, il est temps pour Brigitte de filer à Confluence qui est devenu le nouvel épicentre de ses explorations. Avant de traverser à gué la « Magma Khola », elle découvre sur sa droite un nouveau chemin qui monte directement à Magma et se promet de bientôt revenir le parcourir.

Un sentier plein de promesses

Aujourd’hui, elle remonte un petit chemin sur l’arête qui mène à Dhuli. Ce joli sentier coupe deux fois la piste qui vient de « Magma du milieu » et qu’elle a déjà parcourue. La première traversée a lieu au niveau des petites boutiques situées dans un virage, là où la chaussée poussiéreuse franchit la crête. Juste avant d’arriver à ces échoppes de bord de piste, Brigitte traverse un joli petit village invisible depuis la « route ».

Une architecture inhabituelle

Dans ce hameau aux maisons d’ocre avec de beaux encadrements de bois autour des portes et fenêtres, il y a une ferme où des didis lui offrent de l’eau, puis un orfèvre qui fabrique les beaux colliers rituels et quelques bagues dans une toute petite pièce où il vit avec sa famille.

Un travail d’orfèvre

Le bijoutier est très jeune. Dans son petit atelier, il ne travaille que l’argent à l’aide d’une petite forge chauffée au bois. L’artisan est fier de montrer comment il procède. Avant de laisser filer Brigitte, il lui propose de prendre une photo de son atelier et de toute sa famille.

Devant l’atelier du bijoutier

De rencontre en rencontre

Aux shops de la piste, les didis proposent de l’eau à Brigitte et lui disent de s’asseoir mais elle doit avancer si elle veut arriver aujourd’hui à Mainjari, le village situé au-dessus de Dhuli, que Laurent a repéré pour elle sur la carte topographique finlandaise.

Les boutiques en bord de piste

Elle rejoint la piste à l’entrée de Dhuli et réalise maintenant grâce à la vue depuis le bout du village de Dhuli que cette piste fait une longue traversée et rejoint finalement, au loin, celle qui va de Magma à Naduwa. Elle fera cette traversée une autre fois car sa longueur est très difficile à évaluer, il y a déjà de nombreuses ravines visibles à franchir et bien d’autres peuvent être cachées. Pour le moment, après avoir discuté avec enfants et adultes venus à sa rencontre car ils la connaissent depuis sa visite précédente, elle continue la montée vers Dhuli du haut par le sentier bordé de quelques maisons. Devant l’une d’elles, une didi travaille avec ses quatre fils. Elle offre à Brigitte un immense sourire et des rotis. Ses fils sont adultes et aussi accueillants que leur mère.

Arrivée à Mainjari

Au-dessus de Dhuli du haut, Brigitte traverse des champs avant d’arriver à une sorte de village d’alpage mais où les maisons disséminées semblent être habitées à l’année. Elle suppose que c’est Mainjari car plus haut il n’y a que de la jungle. Cependant, elle a un léger doute car sur sa gauche se dessine une petite crête qui pourrait bien cacher d’autres maisons bâties plus haut sur la pente.

Dernières habitations avant la jungle

Un homme arrive à sa rencontre. Il lui confirme qu’elle est à Mainjari et que le sentier qu’elle devine au-dessus dans la jungle permet de rejoindre le col de Naduwa. Il est malheureusement trop tard pour le parcourir aujourd’hui. L’homme lui propose de dormir dans sa maison avec sa famille afin de rentrer demain par ce beau chemin de jungle.

Le col Naduwa depuis Mainjari

Brigitte est obligée de décliner cette invitation si tentante car Laurent pourrait s’inquiéter. Elle fait donc demi-tour jusqu’à Dhuli puis emprunte la piste jusqu’à Magma. Elle s’abrite au passage devant les shops du virage quand, comme tous les jours en fin d’après-midi, l’orage éclate violemment. Dix minutes plus tard, l’orage et la pluie cessent. Les arracheurs de pierres du glissement de terrain après le gué cessent leur travail pour la laisser passer.

La passerelle couverte de Confluence

Plus loin, elle croise Manisha, l’employée de la municipalité rurale de Banphikot, qui monte à Dhuli. Stupéfaite d’apprendre que Manisha habite si loin de son lieu de travil, Brigitte lui demande si elle fait le trajet à pied tous les jours! Elle la rassure en lui expliquant que la semaine elle habite en fait chez sa sœur à Banphikot. Manisha rapporte du ghyu chez elle.

Rififi à Banphi

De son côté, Laurent est monté à Banphikot d’où il a rapporté plein de messages de notre famille et nos amis de France. Inhabituellement, les grilles de l’entrée des bureaux étaient fermées avec la police à l’intérieur et dehors, sur la place, devant le bâtiment, un attroupement de villageois. Il ne sait pas pourquoi. Quand le chef de la police locale est venu le saluer, il n’a pas osé lui demander les raisons de cette présence d’hommes armés.

Palabres devant la municipalité rurale de Banphikot

De retour à Horlabot, Laurent fait l’amer constat que malgré les orages quotidiens nous allons manquer d’eau. La source au bout de la terrasse n’est plus qu’un goutte à goutte et le canal plus bas est presque à sec. Il lui faut près d’une heure pour obtenir deux litres d’eau. Dire que nous pensions être noyés au mois de juin sous les pluies de mousson !

Après avoir préparé les thermos pour notre petit déjeuner, Laurent descend à Lochabang. Didi, Dazu et Brigitte prennent le thé. Il leur raconte ce drôle d’épisode observé à Banphikot. Comme chaque soir, notre ami Arka Pun, le responsable maoïste de Lochabang, vient garer sa moto dans la cour de Didi et Dazu. Laurent lui demande s’il est au courant des « événements » de Banphikot. Il n’en a aucune idée mais dégaine immédiatement son téléphone pour appeler un responsable de la municipalité rurale afin d’obtenir des explications. En fait, il s’agirait d’une simple querelle liée à l’attribution d’un marché public qui a un peu dégénéré et la police est venue pour calmer les esprits. Rien de grave.

Le maïs dévasté

Nous nous régalons de petites pêches au goût succulent et maintenant un peu moins dures. Didi et Dazu nous proposent de manger le dal bhat devant la télévision. Nous ne pouvons leur refuser le plaisir de ce moment de détente. Espérons que les chaleureuses veillées collectives ne céderont pas la place à de froides soirées « chacun pour soi » devant les écrans. Nous nous refusons d’imaginer cela au Rukum… Mon Dieu, s’il vous plaît, un petit miracle!

Qui a détruit ce champ ?

Au cours de la soirée, nous montrons à Dazu une photo d’un champ de maïs dévasté prise par Laurent en rentrant de Banphikot. Amusé, il mime les buffalos dans le champ mais ne trouve pas de mots pour nous donner une explication. Dazu et Didi nous donnent rendez-vous demain matin pour le « massacre du maïs ». Nous remontons nous coucher en nous interrogeant sur cette pratique qui nous semble bien mystérieuse après tant d’efforts et de soins pour faire pousser les plantes…

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